Revendications à porter pour notre métier et, donc, notre République

Gilets jaunes, lycéens, actifs et retraités : des revendications communes. La répression doit cesser, le gouvernement doit céder.
Confronté à la colère des gilets jaunes et des lycéens, le Président de la République tente d’endiguer le mouvement en prétendant apporter des réponses. En réalité, il ne répond pas à aucune revendication et en particulier celles de FO d’augmentation générale des salaires, d’augmentation du point d’indice (qui a perdu 16% depuis 2000 par rapport à l’inflation).
De plus les prélèvements pour pension de retraite ont augmenté de 3,25 points, auxquels s’ajoute l’augmentation de la CSG alors qu’aucune revalorisation de ces retraites n’est prévue, augmentation de la CSG sur les retraites qui est d’ailleurs loin d’être supprimée pour tous.
Rien non plus sur les services publics et les suppressions de postes, sinon l’annonce de la poursuite des contre‐réformes, et le financement des quelques mesures par l’impôt.
Rien sur les revendications des enseignants et des lycéens (Parcoursup, réforme du bac et du lycée…), dans un contexte où la répression brutale à l’encontre de la jeunesse s’amplifie.
La prétendue hausse du SMIC est en fait financée par la baisse des cotisations sociales : c’est la poursuite du pillage de la sécurité sociale. Ce qui sera donné d’une main sera repris de l’autre. Ces annonces vont obligatoirement se traduire par de nouvelles coupes dans les budgets.


Le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a annoncé la « généralisation » de la possibilité du recrutement hors‐statut dans la fonction publique. Le Premier ministre a confirmé d’ailleurs l’arrivée d’un projet de loi portant sur la réforme de la Fonction publique, début 2019, dans le cadre de «la refondation du contrat social avec les agents publics».
En sus, la mise à mort du Code des Pensions est prévue dans le cadre de la réforme des retraites…

La succession des contre‐réformes dans l’Éducation nationale menace tous les statuts particuliers de corps. La volonté du ministre Blanquer d’instaurer un statut de directeur s’inscrit dans cette offensive. Son projet préfigure de nouveaux directeurs avec un statut les plaçant en dehors du corps des Professeurs des Écoles : des nouveaux directeurs sur postes à profil et qui évalueraient les collègues dans le cadre du décret PPCR, aggravant l’évaluation arbitraire et la promotion sur un mérite opaque (manière de servir encore…)… Ces nouveaux directeurs qui recruteraient un jour les personnels de leur établissement.

La réforme territoriale appliquée à l’Éducation nationale : enfumage et fausses garanties.
La fusion des académies fait système avec les réformes d’ensemble de la fonction publique : CAP 22, ses 120 000 postes supprimés dans la fonction publique sur le
quinquennat et le nouveau contrat avec les agents publics qui prévoit de faire exploser le statut général de la fonction publique, notamment en remettant en cause les prérogatives des CAP pour donner toute latitude aux chefs de service dans
les carrières et affectations (la dite gestion de proximité), l’emploi de contractuels à la place de titulaires, etc.
Le ministère tente de rassurer en indiquant que les périmètres de gestion (les actuelles académies) ne seront pas modifiés d’ici 2022 : c’est tout simplement qu’il ne peut faire autrement, à moins d’organiser de nouvelles élections professionnelles.

Et surtout cela ne garantit pas que les statuts particuliers nationaux seront préservés jusqu’en 2022 !
L’autonomie à tout crin des établissements, le pilotage par les « résultats » (à la manière de servir…) qui complète l’évaluation PPCR des enseignants, des académies taillées à la main des régions pour permettre la définition de politiques éducatives régionales ne peuvent rester sans impact sur les statuts particuliers. Les progressions des carrières, les promotions, la politique indemnitaire, les mutations et affectations, le temps de travail et les obligations de service… Tout ce qui constitue encore le cadre national et l’équité dans le métier aujourd’hui se heurte à cette logique.
C’est ce qui se cache derrière le slogan de «RH de proximité».

« Pré‐recrutement » d’apprentis professeurs : la contractualisation en marche.
Utilisant la «professionnalisation» de la licence, le ministère de l’Éducation nationale entend recruter en L2 des professeurs apprentis sur la base réglementaire qui régit les AED.
La rémunération de base de ces apprentis serait de 250 € et, même cumulée avec le plus haut taux de bourse, n’atteindrait même pas le SMIC.
Ces apprentis seraient exposés au licenciement jusqu’à leur titularisation qui n’interviendrait qu’à la fin de leur M2. En outre, ils pourraient être utilisés comme moyens de remplacement des enseignants en poste.
Ce système de recrutement contractuel est conforme aux préconisations générales de «CAP 2022» dans la fonction publique. Il met en cause également le recrutement statutaire sur la base des concours d’enseignement disciplinaires. Les titularisations en fin de M2 seraient prononcées de manière arbitraire, en fonction des «meilleures aptitudes et [de] la plus forte motivation» [la meilleure « manière de servir » ? …].

La formation professionnelle initiale serait également drastiquement réduite, avec une seule ESPÉ par académie régionale, et un volume de formation qui dépendrait des budgets des universités hébergeant les licences professionnelles
et les masters MEEF.

Pour FO, les régressions sociales ne s’accompagnent pas, elles se combattent

Le texte complet de la Commission Exécutive Fédérale ici :