Mercredi 24 juin : Les revendications ont été portées à l’IA

Le chaos présidant à la reprise du 22 juin ne fait que préparer l’attaque généralisée contre le statut et l’école publique, à travers notamment la création d’une nouvelle fonction de directeur (loi Rilhac), l’introduction des 2S2C, l’institutionnalisation de l’enseignement à distance, etc.

C’est ce qui a conduit le SNUDIFO47 à proposer, dans le cadre d’une initiative nationale FO-CGT-SUD, à proposer d’appeler à un rassemblement devant la DSDEN le mercredi 24 juin, pour porter les revendications des personnels (voir l’appel intersyndical en pièce jointe).

Vous lirez ci-dessous le compte-rendu de l’audience auprès de l’IA-DASEN.

Compte-rendu de l’audience au DASEN

De toutes évidences, la rentrée de septembre de septembre 2020 ne sera pas une rentrée comme les autres. Non seulement en raison des conséquences de la crise sanitaire sur les personnels et les élèves, mais aussi et surtout en raison de la politique du ministre Blanquer qui utilise la crise sanitaire pour détruire l’école publique et le statut des personnels.

Pour opposer à cette politique les revendications des personnels, un rassemblement était appelé mercredi 24 juin devant la DSDEN par la CGT, FO, la FSU et SUD, auquel 30 personnes ont participé sous un soleil de plomb.

Des rassemblements similaires avaient lieu un peu partout en France devant les rectorats et les DSDEN pour porter leurs revendications, souvent dans un cadre unitaire, ce dont nous nous félicitons. Même s’ils étaient modestes, dans ce contexte bien particulier de reprise de l’école à deux semaines des congés, ces rassemblements sont le signal que les revendications ne sont pas confinées.

Une délégation, composée de 2 représentants FO et un représentant CGT (la FSU n’a pas souhaité y participer) a été reçu par l’IA-DASEN.

NON AU PROJET DE LOI SUR LA DIRECTION D’ÉCOLE

Nous avons affirmé au DASEN notre revendication d’abandon du projet de loi Rilhac, qui devait être voté ce mercredi 24 juin à l’Assemblée nationale. Avec cette loi le ministre de l’EN vise à créer un emploi fonctionnel de directeur/directrice d’école, qui les transformerait de fait en supérieur.e hiérarchique soumis.e aux IA-DASEN et aux élu.es locaux, bouleversant ainsi le fonctionnement des écoles. En effet, la loi sur les directeurs amène le conseil d’école à prendre une place décisionnaire et non plus consultative, avec pour conséquence une autonomie des écoles, soumise de plus en plus aux exigences de la mairie, avec les 2S2C. Si vous ne l’avez déjà fait, nous vous invitons à signer et à faire signer la pétition intersyndicale « Nul besoin de cette proposition de loi, nul besoin d’emploi fonctionnel pour répondre aux revendications des directeurs. »
Car oui, nos collègues directeurs-directrices n’en peuvent plus, il y a urgence à satisfaire leurs revendications :
– l’augmentation de la quotité de décharge pour tous les directeurs et directrices ;
– un augmentation significative de leur rémunération, ainsi que celle des autres personnels enseignant et AESH ;
– une aide administrative statutaire et gérée par l’EN dans toutes les écoles ;
– un réel allégement des tâches.

ABANDON DES « 2S2C »

« L’école de demain » de JM Blanquer, elle s’illustre en particulier dans le dispositif dit 2S2C, qui prévoit « d’assurer localement l’accueil des élèves sur le temps scolaire par d’autres intervenants que leurs professeurs en proposant d’encadrer une activité physique et sportive. » Ainsi, les collectivités territoriales prennent en charge les élèves sur le temps scolaire et transforment l’école en garderie. 
Ce dispositif soustrait les élèves à des heures d’enseignements données par des fonctionnaires d’État , cadrées par des  programmes nationaux.
C’est une remise en cause de notre statut particulier qui passe par une probable modification de nos ORS mais aussi par des échanges de service avec le 2nd degré.

Le DASEN a indiqué que 41 conventions ont été passées dans le département.
Nous lui avons demandé de faire remonter au ministre notre exigence d’abandon des 2S2C, ce à quoi il n’a daigné répondre.

TELETRAVAIL OBLIGATOIRE ?

Dans l’arsenal destructeur du ministre Blanquer, il faut aussi mentionner la proposition de loi nº 2967 du 19 mai 2020 « visant à instaurer l’enseignement numérique distanciel (…) », qui rendra obligatoire le télétravail pendant les situations exceptionnelles comme la crise sanitaire. Le ministre n’a que faire des conséquences du télétravail imposé lors du confinement sur la santé des personnels, tout comme de l’aggravation des inégalités entre élèves provoquées par l’enseignement à distance dans les conditions que l’on sait.
Nous avons demandé au DASEN s’il avait des informations à ce sujet, il a répondu que non.

DES MOYENS SUPPLÉMENTAIRES POUR UN VÉRITABLE PLAN DE RATTRAPAGE ?

Cela n’empêche pas notre ministre de se répandre en déclarations dans les médias à propos de « la catastrophe scolaire qu’aura été le confinement », de parler d’un « plan volontariste » contre le décrochage scolaire. Et là, vous voyez peut-être une lueur d’espoir que soit organisé un véritable plan de rattrapage pour nos élèves…
Que nenni ! Le ministre annonce… des évaluations à la rentrée – on n’y aurait pas pensé – qui déboucheront sur un enseignement personnalisé.

Nous avons demandé au DASEN si des moyens exceptionnels seront débloqués pour multiplier les dédoublements, pour prendre en charge en petits groupes d’élèves qui auront besoin d’un soutien particulier, pour recruter des enseignants spécialisés, des remplaçants en nombre suffisant, etc.
Réponse du DASEN : Des moyens supplémentaires ont déjà été attribués pour la carte scolaire. Ce n’est certes pas suffisant mais pour le moment rien de plus n’est prévu. Les moyens supplémentaires sont concentrés sur les dispositifs mis en place à l’occasion des vacances scolaires, dont il a vanté le mérite.
→ Nous avons fait remarquer que cela ne concernerait qu’un petit nombre d’élèves, et pas obligatoirement ceux qui en ont le plus besoin ; ces dispositifs ne sauraient par ailleurs être mis sur le même plan que l’école.

A défaut de moyens supplémentaires exceptionnels, nous avons insisté sur le fait que la situation justifiait la convocation d’un CTSD permettant d’acter l’ouverture de classes et d’annuler les fermetures prononcées en avril, sans attendre la rentrée scolaire, pour ne pas pénaliser encore davantage les collègues.
Réponse du DASEN : Ca ne servirait à rien car on n’a pas tous les effectifs, c’est non.

Se prépare donc une rentrée où la responsabilité de la gestion des difficultés et du désastre scolaire découlant du confinement sera renvoyée sur chaque école, sur chaque enseignant qui devra multiplier les PPRE, les PPS et autres évaluations et qui devra se débrouiller pour différencier pour chacun de ses élèves dans des classes surchargées.
Un nouveau « prof-bashing » se prépare donc en transférant sur chaque PE la responsabilité de résoudre les difficultés scolaires consécutives à cette crise sanitaire.

A ce sujet, nous lui avons demandé si, face à la récente campagne médiatique de dénigrement des enseignants, il allait intervenir.
Réponse du DASEN : Je l’ai fait souvent, la Préfète a également souligné le fort engagement des enseignants dans la continuité pédagogique. Par ailleurs, je n’ai rien lu dans la presse régionale, et je ne m’occupe que du Lot-et-Garonne.
Nous lui avons fait remarquer que les collègues auraient apprécié un soutien plus affirmé de sa part.

POUR LA DÉFENSE ET LE RECONQUÊTE DE L’ÉCOLE PUBLIQUE,
LES REVENDICATIONS DOIVENT ÊTRE SATISFAITES !

C’est maintenant que la rentrée se prépare ! C’est maintenant que les équipes ont besoin de postes supplémentaires, pour organiser des dédoublements dans tous les niveaux, des petits groupes, des séances personnalisées, des suivis individuels, afin d’aider les élèves qui sont restés éloignés de l’école ou les élèves en difficulté scolaire ! C’est maintenant qu’il faut décider d’ouvrir les classes, les postes de RASED, les postes de remplaçants !

Alors oui, plus que jamais, il va falloir se regrouper, avec nos organisations syndicales, se préparer à la mobilisation, pour exiger les mesures d’urgence qu’appelle cette rentrée 2020 pas comme les autres, pour défendre et reconquérir l’école de la République et notre statut et faire barrage aux plans funestes du gouvernement et de son ministre de l’EN.
Dans ce combat, vous pouvez compter sur le SNUDI-FO.