A sa demande, le SNUDIFO47 a été reçu en audience par l’IA-DASEN le 21 décembre. En préambule, nous avons précisé que nous avions sollicité cette audience afin de faire remonter les préoccupations et de porter les revendications des collègues.
1. Animations pédagogiques
- Nous avons fait part des dysfonctionnements du logiciel GAIA. Cela fonctionnait mieux avec Base47.
→ Sur ce point l’administration partage ce constat. Mais elle précise que l’ancien dispositif ne permettait pas de faire remonter au recteur, et donc au ministère, les « performances » du département en terme de formation : seul un jour apparaissait alors qu’en réalité nous sommes à près de 4 jours par enseignant. Il fallait donc montrer les besoins au ministère pour que les crédits suivent. - Nous avons rappelé notre position concernant le droit à la formation continue volontaire de qualité sur 36 semaines au cours de la carrière, qui de fait est remis en cause, avec les 18 heures d’animations pédagogiques qui se substituent à la FC.
→ Le DASEN a justifié cette quasi disparition de la FC volontaire par « notre problématique du remplacement », en ajoutant que cela était également lié « à une période de réforme qui nécessite une formation de masse », sur le socle, etc. (voir plus loin sur ce point). Il a précisé : « Nous avons quand même créé 60 postes en trois ans ; mais nous avons un problème de ressources humaines. »
– Commentaire : Les enseignants sur le terrain n’ont guère vu la traduction de ces créations de postes en terme d’amélioration de leurs conditions de travail. - Nous avons ensuite évoqué l’AP à Nérac avec R. Brissiaud un mercredi après-midi, obligeant certains collègues à traverser le département, sans pause repos (10 heures non stop).
→ L’administration répond qu’elle avait demandé deux séances mais cela n’a pas été possible, et met en avant les efforts faits cette année pour faire venir des intervenants de qualité. - Nous avons fait part du mécontentement de nombreux collègues : animations imposées ; trop de formations à public désigné, les collègues veulent plus de libre choix. Par exemple, des collègues souhaiteraient aussi un choix d’animations permettant de prendre en compte d’autres problématiques auxquels ils sont confrontés : gestion du stress, faire face à l’agressivité, protéger sa voix, apprendre les postures qui protègent notre dos, porter les premiers secours…
→ L’IA a mis en avant la nécessité de répondre aux priorités nationales. C’est aussi un choix au niveau départemental dicté par les réformes : une formation centrée sur la mise en œuvre des réformes afin que les personnels puissent s’y adapter. Et cela va s’accentuer dans les prochaines années, avec dès l’an prochain l’accent mis sur les CP « 100 % de réussite ». Et de préciser : « Nous voulons éviter des plaintes du genre : Il y a des réformes et on n’est pas formés. »
– Commentaire : Pour notre part, nous n’avons pas rencontré d’enseignant formulant ce genre de plainte. Le message est clair : n’espérez pas que dans les prochaines années la tendance s’inverse avec davantage de liberté pour choisir ses animations. Il s’agit avant tout de formater les enseignants aux «réformes » découlant de la loi de refondation de l’école. - Les collègues pointent aussi le fait que ces animations placées le soir ou le mercredi après-midi, alors que la quantité de tâches demandées aux collègues, en plus de tout ce qui concerne le coeur du métier, ne cesse d’enfler et dégrade les conditions de vie et de travail. De ce point de vue, notre revendication d’un retour national à une semaine de 4 jours pour tous permettrait un retour aux animations placées le mercredi matin, soulageant d’autant la pression sur l’emploi du temps des collègues.
→ Le DASEN n’a pas nié le problème mais a indiqué que cela serait difficile car il subsistera des écoles fonctionnant sur 4 jours et demi.
– Commentaire : Une mesure nationale fixant la semaine à 4 jours (lundi, mardi, jeudi et vendredi) sur 36 semaines réglerait le problème. Des enseignants moins fatigués et plus disponibles, ne serait-ce pas également un bénéfice pour les élèves ? - Dernier aspect évoqué : De plus en plus, on valide la disparition des RASED en présentant les AP comme étant destinées à faire de nous des référents pour tel ou tel trouble dys. Un : le contenu et le volume de formation n’ont rien à voir ; deux : on n’est plus dans le libre choix de la spécialisation.
→ L’administration affirme qu’en aucun cas un collègue ayant suivi une AP « enfants à troubles particuliers » ne devient un « référent » ; mais il sera ainsi aidé à mieux gérer ses élèves.
– Commentaire : Le meilleur moyen d’aider les enseignants, mais aussi les élèves concernés, ne serait-il pas de rétablir les 3 000 postes de RASED supprimés depuis 2008 ? C’est une revendication du SNUDI-FO.
2. Postes vacants, remplacement, recours au contractuels…
- Comme il fallait s’y attendre, le remplacement des collègues absent est de nouveau problématique. Et nous ne sommes qu’au mois de décembre…
→ Selon l’IA, la situation du remplacement est toujours difficile mais moins en tension que l’an dernier. - Nous demandons le recours à la liste complémentaire pour pourvoir les postes vacants.
→ Nous avons déjà recouru à la LC, précise le DASEN, c’est le maximum que l’on puisse faire au regard des possibilités d’accueil des stagiaires. Nous avons recruté 8 contractuels, dont 7 préparent le CRPE. Selon l’administration, aucun des 8 contractuels n’était sur la LC.
– Commentaire : L’administration se retranche derrière l’argument de l’incapacité qu’elle aurait d’absorber un nombre supérieur de fonctionnaires stagiaires pour refuser le recours à la LC. Pour le SNUDI-FO, ce n’est pas acceptable. Rappelons que sur 2015 et 2016, ce sont 1 000 postes de stagiaires prévus au budget qui n’ont pas été pourvus, alors que les personnes manquent sur le terrain. En outre, cela justifie la revendication du SNUDI-FO d’en finir avec la masterisation. - Soixante-douze postes d’aide administrative à la direction d’école ont été supprimés à la rentrée dans le département. Dans le même temps, les collègues directeurs se retrouvent avec un alourdissement constant des tâches et demandes (PPMS, ESS…).
→ L’IA indique que rien n’est prévu au budget pour recruter de nouveaux contrats aidés pour l’aide à la direction d’école. La priorité est mise sur l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Il souligne également que ces dernières années des décharges ont été attribuées aux directeurs des petites écoles, ce qui équivaut à 11 ETP.
– Commentaire : Les miettes de décharges supplémentaires octroyées aux directrices et directeurs d’écoles ne correspondent pas à ce qui est nécessaire pour faire face à une charge croissante de missions et de tâches, pour le bon fonctionnement de l’école. Nous revendiquons un véritable allègement des tâches et au moins une journée de décharge hebdomadaire pour tous.
3. CP et CE1 « 100 % de réussite »
- Nous avons beaucoup d’inquiétude concernant la mise en place des dédoublements de CP en REP à la rentrée 2018. Comment cela va-t-il s’effectuer à la rentrée ?
→ L’IA a indiqué qu’il ne connaissait pas encore le nombre de postes qui seraient attribués au département (121 pour l’académie de Bordeaux). Si l’enveloppe attribuée est insuffisante, on fermera des postes de Maîtres Sup. pour ouvrir un poste du dispositif CP dédoublé. - L’école élémentaire Lolya de Marmande dispose d’un poste Maître Sup. Sans être en REP : sera-t-elle aussi concernée ?
→ On laissera le choix à l’équipe. En principe, on ne touche pas au poste de Maître Sup., sauf si l’équipe désire dédoubler le CP… ou si la dotation s’avérait insuffisante. - Combien de classes seront-elles concernées ?
→ Environ 18 écoles seront concernées. Il faut savoir qu’on a expérimenté ce dispositif cette année et dans certains cas, cela a pu se faire sans créer de poste. L’IA précise : « J’ai bon espoir qu’on ait les postes nécessaires ajouté au fait qu’il y ait 350 élèves de moins à la rentrée prochaine. » - Tous les CP dédoublés disposeront-ils de leur salle de classe ? On a pu constater que cela n’était pas toujours le cas cette année dans certains départements ; les collègues de retrouvant à deux dans la même salle.
→ Le DASEN précise que les maires des communes concernées ont été contactés. A priori, en 2018, tous les CP dédoublés auront chacun leur salle de classe. Mais en 2019, avec les CE1 dédoublés, cela sera plus compliqués. Des fonds seront attribués par le Préfecture aux mairies. A Agen, cela ne sera pas forcément possible à réaliser. - Y aura-t-il des entretiens pour pour constituer un « vivier » de candidats sélectionnés sur profil ? Pour les collègues titulaires de leur poste et/ou pour les Maîtres Sup. qui ne souhaiteraient pas intégrer le dispositif, y aura-t-il octroi d’une priorité au mouvement ? Comment les postes de CP dédoublés apparaîtront-ils au mouvement ?
→ Les postes relevant de ce dispositif ne seront pas profilés. Mais les postes de direction des écoles de REP le seront, de même que les postes d’accueil des moins de 3 ans. Les candidats devront passer un entretien, car l’effet maître sur ce dispositif est très important. Concernant les conséquences sur le mouvement, cela doit faire l’objet d’un cadrage au niveau académique. - Le fait d’associer les CP dédoublés à un objectif de 100 % de réussite pose question : qu’adviendra-t-il des collègues qui en remplirait pas cet objectif ? Parce qu’un enfant à besoins particuliers est dans le groupe, parce que les conditions matérielles posent problème, parce que peut-être (à l’instar de certains départements et sur le demande de leur IEN) les maîtres spécialisés ne prennent plus en charge les CP dédoublés (ce qui est une remise en cause inacceptables des missions et compétences des personnels des RASED)…
→ Le DASEN indique qu’une formation particulière sera mise en place pour ce dispositif (notre souhait : 8 jours de formation sur deux années, pour permettre de développer des méthodes pédagogiques efficaces). « On offre au système des conditions permettant le maximum de réussite. Nous faisons confiance à l’intelligence collective des équipes pour mettre sur ces classes les enseignants les plus chevronnés. On ira les visiter et les accompagner l’année prochaine. Les IEN observeront d’abord les élèves. On ne peut se permettre d’échouer, ce serait incompréhensible pour la Nation, pour les familles, de ne pas réussir. Mais on ne va condamner personne… Avec 12 ou 13 élèves, on peut mieux s’occuper des élèves en difficulté. La prise en compte des difficultés qui relèvent des RASED sera différente. Cela permettra aussi un lien renforcé avec la maternelle et les familles. » - Qu’en sera-t-il du droit au temps partiel ? S’il devait y avoir incompatibilité, cela signifierait que seraient exclus des classes de CP dédoublés les collègues à temps partiel et les directeurs. Or, selon l’article 2 du décret de 1989, c’est le directeur d’école, après avis du conseil des maîtres, qui décide de la répartition des classes…
→ Selon le DASEN, ces CP et CE1 dédoublés sont des classes qui demandent une attention particulière et une formation particulière. Un directeur d’école bénéficiant d’une demie décharge sur ce type de poste, cela pose problème. Il faut que le bon sens l’emporte et éviter les temps partiels. - Que se passera-t-il s’il y a fermeture de classe ? Qui devra quitter l’école ? Les maîtres des CP dédoublés seront-ils protégés au détriment de collègues ayant plus d’ancienneté ?
→ L’administration précise que les personnels sont affectés sur une école. S’il y a fermeture de classe, c’est le dernier nommé qui part. Mais, selon l’IA, la répartition des classes devra se faire sur le bon sens pédagogique. Il ajoute qu’il pourra imposer un changement si cela se passe mal…
– Commentaire : Sur nombre de points, les réponses apportées par le DASEN ne lèvent pas nos inquiétudes, loin s’en faut. Qu’il s’agisse des mesures de carte scolaire et des conséquences du dispositif sur les autres classes, de la répartition des classes entre les collègues de l’école, du droit au temps partiel, des directeurs, de la pression accrue sur les collègues concernés, de la place des RASED dans le dispositif, nombre d’éléments laissent placer la menace de remises en cause de nos droits et garanties statutaires. Et les annonces concernant la mise en place de nouveaux postes à profil ne sont pas faites pour nous rassurer. En tout état de cause, les collègues pourront compter sur le SNUDI-FO pour s’opposer à l’arbitraire et défendre leurs droits et revendications.
4. Mouvement interdépartemental
- Nous sommes revenus sur la question des calibrages que nous avions déjà évoquée en CAPD. Nous avons demandé au DASEN s’il avait une idée des besoins qu’il fera remonter pour pallier le manque d’enseignants dans le département, si les calibrages pourront être aussi importants, voire plus, que l’année dernière.
→ Le DASEN a indiqué ne pas disposer encore de toutes les données, ce qui devrait être le cas vers la mi-janvier.
5. Inclusion scolaire
- Nous avons fait part de notre désaccord avec la loi de refondation de 2013, qui, dans la continuité de le loi Monchamp de 2005, promeut l’inclusion systématique dans les classes ordinaires de tous les enfants, indépendamment de la nature et du degré de leur handicap, par conséquent sans prise en compte de leurs besoins spécifiques. Nous avons indiqué que dans le cadre du CHS-CTD, sont portées à notre connaissance de nombreuses situations difficiles pour les enseignants en lien avec l’inclusion d’élèves. Nous avons demandé au DASEN qu’il fasse remonter au ministère la nécessité d’inverser la tendance actuelle en développant les établissements spécialisés. Beaucoup d’enfants pour lesquels une orientation vers ces établissements a été notifié par la MDPH se retrouvent en liste d’attente (environ 400 dans le département). Pour le SNUDI-FO, cette situation n’est pas acceptable.
→ Le DASEN dit partager nos préoccupations, mais il précise que la création des établissements spécialisés ne relève pas du ministère de l’EN mais de celui de la santé et des ARS. Que faire quand il n’y a pas de place ? La proportion d’élèves en classe ordinaire est légèrement supérieure à la moyenne nationale. C’est pourquoi nous avons la volonté de poursuivre la création d’ULIS dans le 1er degré, précise le DASEN. Il prétend que « globalement, ça se passe plutôt bien ». Concernant le problème des élèves présentant des troubles du comportement, le Secrétaire général de la DSDEN fait état du protocole mis en place dans les Landes et dont les services du Lot-et-Garonne se sont inspirés, précisant que la procédure allait encore être affinée, notamment à l’occasion d’un groupe de travail le 30 janvier.
– Commentaire : Le ministère de l’EN ne serait pour rien dans le diminution du nombre d’établissements spécialisés ? Comme si ce n’était pas lui qui avait mis en œuvre l’inclusion systématique dans les classes ordinaires, favorisant de fait la politique de liquidation de l’enseignement spécialisé et de fermetures des établissements, privant ainsi des milliers d’enfants du droit à des soins et à un enseignement adaptés ! Concernant le « guide » ou « protocole » annoncé, nous avons rappelé notre position : ce ne saurait être un carcan obligeant les enseignants à passer par chaque étape ; les situations urgentes doivent être traitées immédiatement. Les collègues confrontés à des situations difficiles voire ingérables peuvent compter sur le SNUDI-FO pour ne pas lâcher.
6. Rythmes scolaires
- Nous avons fait un rappel argumenté de notre revendication.
– Vous connaissez notre désaccord avec les décrets de 2013-2014 concernant les rythmes scolaires car notre organisation estime que, dans l’école de la République, l’organisation de la semaine scolaire et l’organisation des congés doivent être arrêtées nationalement et non commune par commune.
– La mise en place des 4 jours et demi avec les PEdT s’est faite dans l’objectif d’un transfert de la compétence éducative vers les communes ou intercommunalités, ce qui a flexibilisé les fonctionnements d’une école à l’autre. Selon les richesses des territoires, l’accès aux activités périscolaires est très inégal et parfois payant, ce qui peut conduire à une mise en concurrence des écoles. C’est l’école des territoires, contre l’Ecole de la République.
– Les conditions de travail, tant des ATSEM que des enseignants, se sont dégradées.
– C’est pourquoi nous portons l’exigence du rétablissement d’une norme nationale de 4 jours (lundi, mardi, jeudi, vendredi et 6 h de classe par jour) sur 36 semaines, c’est-à-dire une organisation qui a l’avantage de revenir à une séparation nette du scolaire et du périscolaire, de permettre que l’école publique reste l’école pour tous, une éducation nationale garantissant l’égalité d’accès de tous les enfants à l’instruction. Notre exigence ne repose donc pas sur les avantages supposés de l’un ou l’autre rythmes.
– De ce point de vue, le décret Blanquer en rajoute dans le sens de l’éclatement puisqu’il laisse le choix à chaque commune de demander une dérogation pour revenir à une semaine de 4 jours, introduisant y compris la possibilité de déroger à la durée de la semaine et de l’année scolaire. De fait, il conduit à ce que le retour ou non à la semaine de 4 jours soit le fait de majorités locales de circonstance obtenue à partir de questionnaires parfois douteux ou orientés. Vous avez déclaré en CAPD M. l’IA vouloir tout faire pour éviter les tensions ; seule la mesure nationale que nous revendiquons le permettrait. D’ailleurs, on ne peut que regretter que certains mettent de l’huile sur le feu, tels les DDEN qui dans le département jouent les va-t-en-guerre, le journal SO d’hier les citant : « Dans tous les conseils d’école, nous nous opposerons au retour à la semaine de quatre jours ». Cette attitude est de nature à attiser les divisions, les DDEN n’hésitant pas à stigmatiser avec mépris les élus, parents et enseignants qui se prononcent pour le retour à la semaine de 4 jours. Est-ce là une attitude conforme à la mission des DDEN ?
– Une question pratique M. l’IA : dans le cas où la commune et un des deux conseils d’école se prononce pour le retour à la semaine de 4 jours, validerez-vous cette demande ?
→ L’IA-DASEN évoque le souhait du ministre que toutes les communes qui reviennent à 4 jours mettent en place un accueil le mercredi. Pour lui, ce sera un des critères pour valider la demande de dérogation. Particulièrement dans le cas d’une demande émanant d’une commune où les conseils d’écoles ont adopté des positions différentes. Dans ce cas, il interviendra auprès des communes pour qu’elles fassent des démarches en direction de la CAF dans l’objectif d’instaurer un accueil de loisir le mercredi, permettant d’offrir une solution pour les familles. Dans le cas contraire, il ne validera pas la demande de retour à 4 jours.
– Commentaire : Concernant l’attitude inappropriée de certains DDEN, l’IEN adjointe à l’IA en a convenu. Toutes les situations qui remontent du terrain ne font que confirmer notre revendication du retour à une norme nationale de 4 jours sur 36 semaines. Sur ce dossier comme sur tous les autres, les collègues peuvent compter sur le SNUDI-FO pour porter leurs revendications.