PROFESSEUR DES ECOLES STAGIAIRE : UNE SITUATION DIFFICILE

Loin des roucoulades de certaines organisations avec notre administration, le SNUDI-FO considère que la formation des enseignants en général et celle des stagiaires en particulier sont dans une situation dégradée et difficile.
Il y a déjà plus d’un an, lors d’une audience de juillet 2015 de la Fédération Nationale FO de l’Éducation et de la Culture (FNEC) avec la ministre, FO a posé la question des stagiaires, de leurs conditions de travail et de formation. Nous n’avons eu aucune réponse.
La FNEC avait ensuite demandé en juin 2016 audience sur cette question, peine perdue. Il faut croire que seuls les « syndicats » qui ne critiquent en rien les orientations gouvernementales peuvent être reçus…

Hors, madame la Ministre, il y a loin des déclarations politiques à aussi la vraie vie. C’est pourquoi ce qui s’est produit pour les stagiaires 2015 se reproduit en 2016, faute d’un véritable engagement de votre part…

Dans la conférence de presse 2016 de notre ministre, concernant des enseignants qui seraient « mieux formés », elle affirme que tout va bien

Les étudiants – en MEEF ou Master- qui préparent le concours connaissent la façon dont ils seront traités et considérés s’ils le réussissent : malgré le travail des conseillers pédagogiques et maîtres formateurs, les enseignants-stagiaires, qui font la classe ET finalisent aussi leur diplôme, connaissent surcharge de travail, souffrance psychologique, humiliation parfois, incompréhension souvent face aux
demandes pléthoriques, incohérentes, de l’institution.
On leur demande en sus de travailler les mercredis après-midi, au sortir de la classe, et de suivre leur formation pendant les vacances scolaires.
Cela ne masque pas l’indigence de la Formation dont l’évolution n’a aucun but pédagogique mais seulement des visées économiques.

Et rien n’a été fait pour tenter de régler cette situation, au contraire.
Des stagiaires sont licenciés parce qu’ils ne sont pas encore des enseignants chevronnés et que des critères subjectifs sont pris en compte. Citons quelques reproches faits aux stagiaires pour « justifier » leur licenciement car loin de donner des conseils, certains écrits dans les grilles d’évaluation portent sur des éléments totalement subjectifs comme, par exemple : « aux dires des élèves », « manque de
convivialité », « pendant les journées de formation à la réforme, n’a pas déjeuné au restaurant scolaire », « fait cours au tableau », « manque d’empathie », « trop discret, effacé », « devrait manifester de la vitalité, de l’énergie », « n’est pas présent en dehors de ses heures de cours », « n’a pas manifesté son intérêt pour la réforme » « devra adopter une posture de cadre »…

Bel exemple de management libéral de la part de notre ministère pour lequel le savoir-être d’entreprise semble compter plus que le savoir-faire professionnel…

La FNEC FP-FO est intervenue lors du Comité Technique Ministériel du 12 juillet sur cette question.
Elle a été reçue par la Direction Générale des Ressources Humaines (DGRH), ce qui a permis de faire le point. Mais le problème persiste et relève de la responsabilité de la ministre : la lecture des rapports fait apparaître des propos qui n’ont rien à voir avec ce qu’est un professeur qui enseigne dans sa classe avec toutes les difficultés afférentes.
Tout cela ne peut encourager les étudiants à devenir professeur.
Comment comprendre ensuite que des PES licenciés se voient proposer d’être … contractuels ! Des PE qui ne seraient pas « bons » comme titulaires, mais « bons » comme contractuels ? Tout ceci est contradictoire avec le discours de rentrée 2016 de la ministre lorsqu’elle affirme qu’« Enseigner est un métier complexe, difficile, exaltant, certes, mais d’une immense exigence. C’est pour cela qu’il est essentiel
d’accompagner les professeurs, de les former, de les soutenir. »

Le soutien se manifesterait par le licenciement et une pression très, voire trop, forte ? Toute la complexité du métier devrait être acquise l’année de formation ?
Non, nous dit-on dans les DSDEN, mais sans soulager la pression sur les PES pour autant…

Nous invitons tous les PES à se syndiquer pour défendre et faire valoir leurs droits (rien ne l’interdit encore !), pour se battre afin d’obtenir pour les futurs stagiaires une « vraie » formation avec deux tiers de temps à l’ESPE et un tiers en classe en pratique accompagnée et en « responsabilité ». Nous leur proposons aussi de signer notre pétition contre les mercredis après-midi et les vacances travaillés.

Un dernier mot enfin : La ministre nous dit, avec son sens formidable de la formule qu’il « est essentiel d’accompagner les professeurs, de les former, de les soutenir ». Rappelons-lui ce qu’elle n’ignore pas : pour motiver les enseignants, il s’agirait aussi de les rémunérer correctement. Nous reprendrons ici ses propres mots concernant l’augmentation à hauteur de 65% de la prime des recteurs (qui atteint plus de 25 000 € (a minima) : « la fonction a beau être passionnante, il faut la rémunérer à sa juste valeur »
Et nous vous invitons à lire notre analyse de l’augmentation si valorisante que les soutiens du gouvernement vantent tant afin que nous acceptions la destruction de nos statuts et la dégradation de nos conditions de travail et d’avancement dans la carrière… (lien suivre ici).

Téléchargeable ici .