Pour le FO, l’existence de services publics est porteuse de valeurs d’égalité, de neutralité, de laïcité, de continuité mais aussi de proximité. Or on assiste à un démantèlement des Services Publics avec pour argument – proche de la méthode Coué – celui de la dette/dépense publique, du déficit budgétaire. Les 400 000 emplois publics détruits entre 2007 et 2014, n’auraient pas suffit à faire des économies… et ont aggravé les inégalités.
Cet abandon de l’État engendre déjà des zones sans contrôle, des zones de « non droit » faute d’instruction des dossiers, et une incapacité de la Puissance Publique à répondre aux besoins locaux notamment en matière sociale, de santé ou d’éducation (voir la restructuration de l’Éducation Prioritaire).
Nous avions expliqué que nos collègues refusaient l’amputation de moyens pour les établissements qui sont exclus de la carte de l’éducation prioritaire. L’augmentation des effectifs des élèves ne sera une fois encore pas compensée par le nombre d’enseignants effectivement dans les classes.
Mais elle est puissante la rengaine selon laquelle nous sommes des fonctionnaires privilégiés, à qui il faudrait diminuer des droits au prétexte d’égalité public-privé. Elle n’amène qu’à détériorer nos conditions de travail, affaiblir notre qualité de vie, voire nous paupériser. Le nivellement vers le bas n’est pas source de développement, bien au contraire, à l’inverse du progrès social qui tire la société vers le haut.
Et aujourd’hui, certains voudraient faire porter une part de la responsabilité de événements tragiques de ces derniers jours sur l’École Publique (Il s’agirait, je cite, « d’une défaite éducative qui nous implique tous. »), quand d’autres, pour lesquels tout est bon dans la récupération, les meurtres perpétrés les 7 et 8 janvier sont, je cite « une formidable pierre pour la refondation de l’école », nous ne pouvons pas l’accepter !
Les réformes récentes ont dégradé la confiance et aggravé les conditions de travail des personnels. L’école manque de postes et se débat dans une accumulation de mesures prises en application de la loi dite de refondation de l’école, expression dans l’Éducation Nationale de la politique de « rigueur et d’austérité ».
Cette politique concentrée notamment dans le pacte de responsabilité et le projet de loi Macron assaille tous les services publics et doit être remise en cause. La réforme de l’éducation prioritaire qui se combine avec les mesures de carte scolaire pour la prochaine rentrée, la poursuite de la désastreuse réforme des rythmes scolaires, les modifications apportées aux statuts des personnels, la régionalisation de la carte des formations professionnelles et de l’orientation scolaire, la substitution de l’apprentissage à la voie professionnelle de l’enseignement public restent autant de mesures qu’il faut remettre en cause pour rétablir l’école de la République qui, en aucun cas, ne doit devenir l’école des territoires.
FO rappelle qu’il est indispensable de revenir à un strict respect de la laïcité institutionnelle, ce qui signifie que ni l’enseignement des religions, ni les représentants des religions n’ont leur place à l’école. De la même manière les responsabilités des parents et les responsabilités de l’école sont distinctes, et il faut respecter cette distinction.
Et, puisque nous parlons de laïcité, citons les propos tenus par Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo dans son éditorial :
« Les outils pour résoudre les problèmes géopolitiques et sociaux existent mais ils sont inopérants s’il en manque un : la laïcité. Pas la laïcité positive, pas la laïcité inclusive, pas la laïcité je ne sais quoi, la laïcité point final. »
Pour FO, l’école laïque, c’est l’école qui prépare au libre examen, c’est l’école qui instruit qui, au sens littéral du terme, signifie « mettre debout » ou, pour reprendre les termes de Jacques MUGLIONI « c’est le lieu où l’on apprend ce qu’on ignore pour pouvoir, le moment venu, se passer de maître. »
Mais, pour préparer au « libre examen », pour mettre debout les élèves qui leur sont confiés, pour leur permettre de se passer de maître, les enseignants ont besoin de la plus large indépendance et de leur liberté pédagogique. Cette indépendance, cette liberté pédagogique des enseignants, elles sont aujourd’hui encore inscrites dans leurs statuts nationaux de fonctionnaires d’État qui les mettent à l’abri des pressions d’où qu’elles viennent, qu’elles soient politiques, religieuses, économiques, associatives ou parentales.
Et à FO nous entendons bien qu’il en soit toujours ainsi.