Où en sommes-nous ?
? 16 octobre : situation bloquée !
Vincent Peillon présente son projet qui impose aux enseignants de travailler le mercredi matin en effectuant 23h d’enseignement + 2h d’aide aux devoirs en classe entière. Le gouvernement veut modifier les rythmes scolaires en ajoutant une ½ journée de classe, sans laisser les enfants quitter l’école avant 16h30 ou 17h (pour ménager les collectivités territoriales inquiètes de devoir financer ces activités).
25 heures devant les élèves, travail le mercredi matin, animations et concertations le mercredi après-midi…
Inacceptable ! Même pour les syndicats qui ont accepté d’entrée l’annonce du ministre de nous faire travailler une demi-journée de plus !
? 12 novembre : des syndicats au secours du ministre Peillon !
Le SNUipp, le SE-UNSA et le SGEN-CFDT écrivent au Ministre : « Nous partageons avec vous l’idée qu’il faut repenser les temps et les contenus pédagogiques… » : ils acceptent la journée supplémentaire de travail du mercredi. Ils réclament au ministre une « table ronde des représentants des collectivités territoriales, des familles et des enseignants » pour « construire un dispositif cohérent de la journée de l’enfant », et revendiquent « d’assurer le suivi de la réforme » qui doit « revoir la définition et l’organisation des obligations de services des professeurs des écoles » !
Pour FO, c’est une demande à haut risque qui rappelle le scénario du « protocole de discussion » entre le ministre Darcos, le SNUipp et le SGEN-CFDT sur « les modes possibles d’organisation de la semaine » dont l’aboutissement a été l’invention de l’aide personnalisée justifiant la mise en extinction des RASED !
? 12 novembre : de nouvelles propositions du Ministre…
Toujours la semaine à 4 jours et ½ avec :
– 23h d’enseignement par semaine (au lieu de 24h actuellement) avec en plus 1h hebdomadaire « souple » qui serait utilisée en fonction des demandes des communes dans le cadre du Projet Éducatif Local. Ainsi, pour la première fois, les élus politiques locaux auraient un pouvoir de décision sur une heure d’obligation de service d’un enseignant, fonctionnaire d’État (ou pas…) !
Cette heure pourrait, selon le Ministre, être fractionnée en 4 fois 15 minutes, 2 fois 30 minutes, ou être regroupée sur plusieurs semaines (3h ou 4 h par mois) selon la demande des élus locaux.
– Et toujours 108h annualisées d’obligations de service hors enseignement, le Ministre ayant rappelé qu’il était favorable au maintien de l’aide personnalisée.
– Et en bonus l’aggravation du socle commun des compétences : le Ministre prévoit que la liaison école-collège, pièce maîtresse du socle, soit obligatoirement inscrite dans les projets d’établissement et d’école. Il envisage la création d’un conseil pédagogique commun et qu’un décret permette des dérogations aux statuts des personnels et aux programmes nationaux.
Quelles conséquences ?
? Le temps de présence des élèves
Le prétexte pour justifier cette réforme est que les journées de classe sont trop longues pour les élèves : de ce point de vue les différents projets ne changent rien puisque les élèves seront présents obligatoirement à l’école de 9h à 16h30 ou 17h… plus le mercredi matin !
Pour FO, le meilleur moyen de réduire la journée est de supprimer l’aide personnalisée en créant les postes RASED nécessaires pour que les élèves soient pris en charge pendant le temps scolaire.
? Le temps de présence des enseignants
La classe le mercredi matin aurait inévitablement pour conséquence de reporter tout ou partie des 48h d’animations pédagogiques et des réunions sur le mercredi après-midi ou le samedi matin… Ou les vacances ! Cela pourrait donc conduire à nous faire travailler entre 16 et 24 mercredi entiers (le ministère envisage que les réunions n’excèdent pas 2h)… Sans compter la journée de travail gratuit dite de « solidarité ».
Pour les directeurs, l’organisation des Projets Éducatifs Locaux et la liaison école-collège vont transformer leur fonction en enfer ! Ce qui ne manquera pas de servir de prétexte, dans un second temps, pour avancer un peu plus vers les EPEP et des directeurs supérieurs hiérarchiques…
Cette réforme n’est pas un simple retour aux cours le mercredi matin (comme c’était le cas avant 1989 où nos obligations de services étaient de 27h + 0h avec des écoles fonctionnaient très bien…) : en multipliant les obligations autres que l’enseignement, le temps de travail et de présence est considérablement augmenté.
? Le statut et les missions
Les 2 points essentiels de cette réformes, dont les autres syndicats ne parlent pas, sont l’inscription des Projets Éducatifs Locaux et de l’école du socle dans la loi :
– L’introduction des PEL dans la loi permet, pour la première fois, une heure par semaine pour commencer, de mettre les enseignants sous la coupe des collectivités territoriales : c’est le début de la territorialisation de l’école et donc des EPEP !
– L’école du socle permet de définir une partie du service des enseignants du 1er degré dans les collèges. Elle permet de déroger aux programmes et au statut (traduisez : économies en postes d’enseignants).
? Le salaire
0 euro dans le meilleur des cas ! Pour la plupart c’est une baisse des rémunérations avec les trajets supplémentaires du mercredi et l’inclusion des études surveillées dans les obligations de service.
Sans parler des baisses confirmées par l’augmentation de la cotisation retraite et le maintien du jour de carence…
En déclarant devant le congrès des Maires que la réforme s’étalerait sur 2 ans, François Hollande confirme les objectifs de cette réforme : l’école territorialisée. Il en aggrave immédiatement les conséquences : inégalité de traitement entre communes « riches » et communes « pauvres », inégalité de traitement entre les écoles dont le fonctionnement varierait selon leur localité d’implantation, inégalité de traitement pour les personnels enseignants et pour les personnels territoriaux. Et il trouve 260 millions d’euros pour les collectivités (0 pour les salaires) !
Une Éducation Territoriale dans la République des territoires à la place de l’École publique laïque dans la République une et indivisible…
Le SE UNSA considère qu’il y a des avancées. Le SNUipp FSU estime que le courrier commun FSU – UNSA – CFDT a porté ses fruits… Ils pourront « négocier » une partie du contenu des 108h annualisées lors des « tables rondes », peut-être 48h d’aide personnalisée au lieu de 54h !
FO dit NON à cette réforme
qui dégrade nos conditions de vie et de travail, qui accentue la baisse de notre pouvoir d’achat, qui commence à nous placer sous la tutelle des élus locaux et qui permet de nous envoyer enseigner en collège !