Les évaluations de septembre pour les CP et les CE1, puis à nouveau en février pour les CP, permettent aux collègues des classes concernées de profiter -s’ils le souhaitent- d’outils imprimés et reliés permettant d’évaluer les compétences de leurs élèves. Soit. On omet juste de signaler qu’elles ne sont pas obligatoires telles quelles, que l’enseignant est tenu d’évaluer ses élèves selon les outils de son choix (un plomb de plus dans l’aile de la liberté pédagogique).
Cet oubli est d’autant plus regrettable que les livrets d’évaluation s’accompagnent d’un dispositif fastidieux de remontée en ligne des résultats, avec identifiants et mots de passe transmis par l’administration, qui laisse planer le doute : ça a tout l’air d’être obligatoire. Et c’est d’autant plus gênant, car la correction et la saisie, page d’exercice après page d’exercice, est hautement chronophage (et source de migraine).
La seule correction « à l’ancienne » d’un des 3 livrets de CP dure en moyenne de 4 à 5 minutes, soit de 12 à 15 minutes par élève de CP. Multipliez par votre nombre d’élèves. Pour 24 élèves, vous avez déjà passé de 4h48 à 6h, stylo à la main. Et ceci alors que vous n’avez pas encore ouvert le portail avec le logiciel pour saisir exactement chaque réponse de vos élèves. Qui peut penser que les aller-retour de la page du livret de l’élève à l’écran de l’ordinateur prendront moins de temps ? A quel moment envisagez-vous de rester des heures devant l’ordinateur de l’école pour cela ? Dans le secteur privé, on appelle ça du télétravail et c’est très réglementé : tant d’heures devant ordinateur et pas plus, poste ergonomique et écran anti-reflet ou film anti-lumière bleue, temps de pause… et surtout c’est rémunéré.
Magnanime, notre Ministre nous accorde 5h à déduire des APC (devant élèves donc) pour la saisie.
Si nous ne saisissons pas ces données, si nous corrigeons classiquement, en reportant dans notre grille sur papier, les résultats de nos élèves et les remarques afférentes, nous n’aurons sans doute pas la déduction de 5h d’APC…
MAIS nous aurons une idée claire des compétences et des difficultés de nos élèves que nous serons en mesure de communiquer aux parents. Avec en prime, le souci en moins de transmettre des données les concernant sur un portail hébergé en Irlande par l’un des GAFA.*
* « L’éducation nationale a testé à partir de 2015 des évaluations numériques des élèves puis les a étendues progressivement. Pour ce faire, elle a recours depuis 2016 à un prestataire, l’entreprise OAT, spécialiste reconnu internationalement en matière d’évaluation en ligne pour le secteur public et l’éducation. Cette entreprise utilise les services techniques d’Amazon Web Services pour héberger sa plateforme d’évaluation et permettre la connexion simultanée d’un très grand nombre d’utilisateurs», peut-on lire.
Cependant, le ministère assure que «ni le nom ni le prénom ou encore la classe ou l’établissement de l’élève ne sont accessibles au prestataire. Seules les données traduisant les réponses aux tests d’évaluation sont accessibles au prestataire, qui ne dispose d’aucun moyen pour les relier aux élèves».
En résumé : Amazon héberge bien la plateforme sur laquelle sont rentrées les évaluations des élèves, mais les données sont entièrement anonymisées, d’après le ministère. » (Extrait d’un article du journal libération du 26/09/2018)