Compétences vs Diplômes

Blocs de compétences : La fin annoncée des diplômes professionnels.


Cette fois, le ministère de l’éducation nationale n’a pas organisé de simulacres de discussions. En effet, en matière de blocs de compétences, tout est déjà « acté » !
Après tout, pourquoi discuter avec les représentants des salariés quand on a un ministre de l’économie ex-employé de la banque Rothschild qui estime `qu’accéder aux plus hautes fonctions par l’élection est un cursus d’un ancien temps`, un président qui avait déjà dit : `cela serait tellement plus facile s’il y avait un seul syndicat pour les salariés et un seul pour les patrons` (Jean Claude Mailly lui avait répondu : `et un seul parti, aussi…`) et dans la foulée un Secrétaire d’État qui affirme `qu’il y a trop d’organisations syndicales dans ce pays`.
Quand on est au service exclusif des entreprises et qu’on semble rêver d’Ancien Régime ou de République censitaire, ce ne sont sans doute pas les principes démocratiques et républicains qui vous étouffent.
Alors pour les `blocs de compétences`…
Pourtant, l’impact sur les salariés ne sera pas anodin.

De quoi s’agit-il ?
Les blocs de compétence permettent aux candidats d’obtenir des titres professionnels, suite à la validation de `parties cohérentes` contenues dans les référentiels d’activités professionnelles et de certification. Cela paraît bien beau ainsi, presque intéressant, même… Une personne qui n’obtient pas un diplôme peut se voir valider les `compétences`, les `parties cohérentes` de ce diplôme qu’elle maîtriserait et ainsi trouver du travail…

La DGESCO (Direction Générale de l’Enseignement Scolaire) a informé la FNEC-FP-FO de la création prochaine de ces titres professionnels qui pourront, dans un premier temps, être délivrés par les organismes de formation continue. Et dans un second temps, par les entreprises elles-mêmes ?

Ce n’est pas sans conséquences…
La FNEC-FP-FO s’oppose à la mise en place de ces `titres professionnels` à partir de blocs de compétence : c’est une menace directe contre le diplôme national.

En effet, les conventions collectives, pour fixer les échelles de rémunération, font directement référence à la qualification du candidat à l’embauche, donc à son diplôme.
Or, si désormais le recrutement dans les entreprises peut ne plus s’effectuer sur la base d’une qualification reconnue et diplômée mais sur le minimum d’une `compétence` partielle, le salaire n’est plus contraint par la réglementation existante et il fera l’objet d’une négociation avec le chef d’entreprise, forcément en défaveur du salarié, ce dernier n’ayant plus qu’une (ou quelques-unes) compétence à monnayer qui ne représente qu’une partie du référentiel d’un diplôme donné et reconnu nationalement….

Des vessies pour des lanternes…
L’expérience a toujours prouvé qu’à de rares exception près les entreprises vont dans le sens de la recherche du profit au détriment des salariés.
Bien que la DGESCO affirme que ces titres professionnels n’auront pour seul objet que de permettre à terme la délivrance d’une certification reconnue ou encore que les entreprises seront toujours en demande d’une main d’œuvre avant tout diplômée, il n’en reste pas moins vrai que les recruteurs vont pouvoir profiter de cette formidable opportunité qui leur permettra de ne recruter que des personnels non qualifiés ayant une compétence donnée et coûtant bien moins cher que les employés diplômés devant être rémunérés sur des grilles précises.

Sous prétexte de « donner » des possibilités d’emploi aux citoyens, c’est la valeur des diplômes sur le marché du travail qui est bradée, pour le plus grand profit des entreprises.

Après le diplôme professionnel, le diplôme scolaire.
Même si la volonté officiellement affichée du gouvernement est – pour l’instant – de délivrer ces titres professionnels à ceux qui n’ont plus de lien avec le système scolaire classique, donc aux adultes avant tout, l’idée d’étendre leur existence à la formation initiale sous statut scolaire n’est pas écartée par l’administration.
Tout ceci trouvera un lien direct avec le `livret personnel de compétences` et les paliers qui sont à valider. Le LPC servira à n’en pas douter de passerelle avec les blocs de compétences.

FO dit non à cette attaque contre la formation et les salaires.

Le texte réglementaire introduisant les blocs de compétences dans les diplômes professionnels en vue de la délivrance de `titres` doit paraître au printemps. La FNEC-FP-FO entend bien combattre ce texte qui ne sert que les intérêts économiques des entreprises et qui ne fera qu’exacerber la concurrence entre organismes de formation dont on peut imaginer que ceux qui seront les plus chers – et donc les moins accessibles au plus grand nombre – « placeront mieux » leurs « clients »… ! Le modèle libéral anglo-saxon, en somme, dont on sait ce qu’il vaut en terme de marché du travail et de salaires.

Avec la confédération FO, la FNEC FP FO et le SNETAA FO exigent le maintien et la défense des diplômes – professionnels ou non – d’État ainsi que d’une formation de qualité ouverte à tous pour les obtenir !