FO, l’un des principaux artisans du régime des retraites complémentaires (AGIRC et ARRCO) depuis ses origines, a refusé de signer le dernier projet d’accord car il est inacceptable
De 62 à 63 ans !
Cet accord recule de 62 à 63 ans l’âge permettant de bénéficier de la pension complémentaire à taux plein. Il ouvre la voie, après les élections présidentielles, à un recul pour tous (privé et public) de l’âge légal ou à une augmentation de la durée de cotisation.
La « solidarité » dévoyée .
L’accord inflige, à partir de 2019, à tous les salariés qui remplissent les conditions d’un départ à taux plein au régime de base, quel que soit leur âge, un coefficient dit « de solidarité », en fait un abattement de la pension complémentaire de 10 % par an pendant trois ans (-50 euros par mois pour une retraite mensuelle nette de 1300 euros). Seule issue pour échapper à cette sanction, « prolonger son activité professionnelle pendant quatre trimestres».
Non seulement quasiment personne ne sera épargné, mais certaines catégories plus fragiles (femmes, invalides, seniors au chômage, salariés en situation de pénibilité) seront durement frappées.
Les pauvres épargnés ?
Les signataires de l’accord ont prévu de préserver des abattements les nouveaux pensionnés exonérés de CSG. Pour une personne seule, le seuil d’exonération de la CSG est de 890 euros mensuels, inférieur au seuil de pauvreté (environ 987 euros) !
Ceux, au sort un peu moins défavorable, grâce au revenu de leur conjoint par exemple, ne seront cependant pas épargnés. En effet, l’exonération de la CSG dépend du revenu de l’ensemble du foyer.
On change la nature du système : Un accord totalement déséquilibré .
Les efforts demandés ne permettront pas d’équilibrer les finances du régime (8,6 milliards d’euros au lieu de 12,7 milliards nécessaires en 2030), et pèseront à 90 % sur les actifs et les retraités (sous indexation des retraites complémentaires, décalage de la date de revalorisation du 1er avril au 1er novembre, augmentation du coût d’achat du point, cotisations…).
Mais comme le monde n’est jamais assez beau pour le patronat, le gouvernement s’est engagé à « accompagner » la signature : en clair, la part patronale sera compensée par une nouvelle exonération ou une compensation prise sur les cotisations AT/MP, pacte de responsabilité oblige !
A la conférence sociale le président du Medef a remercié le gouvernement…
Il peut car si le gouvernement veut changer le système, il ne change surtout pas ce qui porterait atteinte aux avantages des privilégiés… Les retraites des députés, des sénateurs, des ministres ne sont pas touchées, on ébranle le système « par répartition » mais on ne l’aide pas par une taxe sur les revenus et transactions boursières, les cadeaux faits au patronat depuis dix ans n’ont pas résorbé le chômage – quelle surprise – et donc le nombre de cotisants ne monte pas, tout comme les salaires…
La liste est longue pour démontrer l’entreprise de destruction des principes fondateurs de la République !
Dans les pays – comme la Nouvelle Zélande – où l’âge de la retraite est à 70 ans (ce qui ne saurait tarder pour nous), les études montrent qu’un tiers des salariés meurt avant l’âge de la retraite, au travail… Un autre tiers ne profite pas de sa retraite en décédant dans les cinq années qui suivent la fin de son activité salariée. Un tiers seulement en profite et la répartition sociale de ces chanceux n’est très `populaire`…
Alors, quand un accord est bon on le signe et on le défend.
Quand il est mauvais on ne le signe pas et on le dénonce.