Les enfants seraient fatigués par des journées de classe trop longues ?
M. Peillon décide de réduire la durée de la journée scolaire en maintenant les élèves aussi longtemps qu’avant dans les écoles et en leur ajoutant un jour de classe supplémentaire.
Disons le clairement : c’est prendre les parents et les enseignants pour des imbéciles !
Pour les enseignants la journée de travail serait aussi longue, voire plus : le mercredi matin serait systématiquement travaillé et le mercredi après-midi utilisé maintes fois pour organiser les multiples réunions aussi nombreuses qu’inutiles. Dans des cas extrêmes les communes pourraient choisir le samedi matin et imposer cet emploi du temps : avec les animations pédagogiques le mercredi les enseignants seraient contraints de travailler 6 jours un certain nombre de semaines…
Contrairement à tout ce qui peut être dit : il n’y a aucune garantie, ce sera au cas par cas, au bon vouloir des collectivités territoriales et de l’arbitrage de la DASEN.
Le projet de modification des rythmes scolaires, et plus généralement la loi de refondation de l’école, vise à placer les enseignants sous la tutelle des élus locaux.
Les collectivités territoriales définissent le Projet Éducatif Territorial et proposent l’organisation de la semaine scolaire (art. 4 du projet de décret) : ce seraient donc bien les élus qui deviendraient les `patrons` des enseignants, au moins pour une partie de nos obligations de services, que M. Peillon s’est bien gardé de quantifier dans son projet.
Le projet de modification des rythmes scolaires, c’est avant tout l’allongement du temps de présence des enseignants, le mercredi… et les autres jours. Et cela, sans aucune augmentation des salaires et indemnités !
Alors que l’ensemble de la profession remet en cause l’aide personnalisée et réclame le retour à un vrai RASED pour aider les élèves en difficulté pendant le temps scolaire, le ministre invente « l’Activité Pédagogique Complémentaire »… : c’est à dire la prise en charge des élèves en difficulté en groupes restreints, en partie par les enseignants, en partie par des personnels communaux !
Avec la multiplication des dispositifs (plus de maîtres que de classes, scolarisation des enfants de moins de 3 ans) soumis à un projet rédigé par l’équipe, le projet d’école qui doit s’intégrer dans le projet éducatif territorial, l’école du socle avec la liaison écoles / collèges, les réunions entre les différents intervenants…
Les conditions de travail des enseignants vont considérablement se dégrader et la fonction de direction va devenir un enfer !
On est bien loin de l’aspiration de la très grande majorité des collègues : enseigner, simplement, devant ses élèves, dans sa classe, dans des conditions décentes…
Au niveau statutaire, de nombreux éléments seront impactés :
– les temps partiels : ils seront accordés selon les nécessités de service, si c’est possible avec des journées à 5h, 5h15 ou 5h30…
– le mouvement : certains postes dépendront du projet éducatif territorial, du dispositif pédagogique et pourraient même être sortis du mouvement pour y substituer une affectation par commission. Une organisation pédagogique pourrait nous être imposée, grâce à l’imagination débordante de quelques uns…
C’est la remise en cause de notre liberté pédagogique et de notre indépendance professionnelle.
Ce qui se profile surtout, c’est la mise en concurrence des écoles d’une collectivité territoriale à l’autre.
En effet, le choix des horaires et des activités périscolaires en fonctions des moyens des communes risquent d’entraîner une attitude clientéliste chez certains parents qui seront tentés de choisir l’école qui leur semble la meilleure pour leurs enfants.
Jusqu’à maintenant, l’État garantissait (en théorie…) les mêmes programmes, les mêmes enseignants fonctionnaires d’État, dans les mêmes conditions sur tout le territoire. C’est ce qui définit l’école républicaine.
Après la réforme, on va proposer un « pack » : de vagues compétences pluriannuelles définies en fonction du projet éducatif territorial, des activités périscolaires plus ou moins « alléchantes » d’une commune à l’autre et des équipes plus ou moins « dynamiques » (enseignants et intervenants divers). C’est l’école des territoires…
On essaie de nous faire croire que tout est joué.
Les gouvernements se succèdent et utilisent toujours les mêmes stratégies. Ils prétendent que la grande concertation a permis de dégager un large consensus dont découle la loi, les décrets et les circulaires…
C’est faux !
? Les plupart des enseignants ne veulent pas travailler une journée supplémentaire ; ils demandent l’abandon de l’aide personnalisée, le retour à un vrai RASED pour l’aide aux enfants en difficulté sur le temps scolaire, des journées de 6h maximum et des effectifs décents.
? La plupart des parents ne veulent pas l’école le mercredi, et surtout le prix qu’ils paieront en impôts locaux ou autres, si des communes décident de rendre certaines activités payantes…
? La plupart des maires ne veulent pas d’une charge financière supplémentaire et surtout d’un transfert des charges de l’État sur leur commune.
Alors, pour FO, de deux choses l’une :
? soit M. Peillon entend enfin que la masse des enseignants, la majorité des parents et des élus , rejettent ses projets, et il les retire ;
? soit M. Peillon persiste et signe dans ses atteintes à l’école publique, laïque et républicaine, et il portera l’entière responsabilité de ce qui va se passer dans les semaines à venir.