Les Ecoles Supérieures de Professorat et d’Education (ESPE) : De la maternelle à l’université, une machine à broyer les diplômes, les concours, le statut, la recherche, la discipline !

Le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) avait invité l’ensemble des organisations syndicales et étudiantes, le 14 novembre 2012 pour s’exprimer sur la mise en place des ESPE (Ecoles supérieures de professorat et d’éducation).

FO avait exigé que des réunions bilatérales soient mises en place.

Les ESPE touchent le recrutement, la formation de tous les personnels et les statuts particuliers Pour comprendre ce dossier qui impacte formation, recrutement et statuts de l’école maternelle à l’université, voici quelques questions-réponses. Bien entendu toutes les réponses ne sont pas données :
– le projet de loi sera présenté au CSE extraordinaire du 14 novembre 2012.
– Le projet de loi comportera « deux ou trois articles » sur les ESPE.
– Pour les deux ministères, la loi doit pouvoir permettre de mettre en place des décrets, arrêtés, et circulaires, pour mettre en forme le contenu des ESPE.

Le projet de loi dont FO a pris connaissance le 6 décembre confirme toutes les orientations.

Quel est l’objectif de la réforme ? Le prof. à tout faire !

Qu’est-ce que c’est que les ESPE (Ecoles Supérieures de Professorat et d’Education) ? Des Ecoles sans étudiants, sans enseignants, sans discipline.

Les « Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education sont des « écoles virtuelles » : des Ecoles sans étudiants, sans enseignants, sans formation propre.

Les étudiants s’inscrivent dans les Universités pour suivre des « masters enseignant » pour « le métier d’enseignant »

Quel est le statut de ces « écoles » ? Privé, public, tout est mélangé !

Elles auront une double tutelle, ministères de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale.

Elles seront accréditées par les deux ministères, MEN et MESR, sur la base du cahier des charges établi par ces ministères.

Cette accréditation est valable 5 ans (périodicités des contrats
Etat – université et des habilitations de diplôme).

Comme toute école supérieure, ce sont les deux ministères qui
nommeront le directeur.

Il y aura une ESPE par Académie (sauf en région parisienne, où
leur nombre n’est pas encore défini).

Elles pourront :
– être école interne à une Université du site.
– ou une école interne à un pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) qui regrouperait nécessairement toutes les universités de l’académie ; dans ce cas, le PRES aura nécessairement le statut d’établissement public de coopération scientifique (EPCS).

L’ensemble des établissements d’une même académie devra
faire une proposition de création d’ESPE.

Ce sont donc les « acteurs locaux » (Universités, rectorat) qui décideront du statut de l’ESPE.

Mais qu’est-ce qu’un EPCS ?

Un EPCS est un pôle de recherche et d’enseignement supérieur
(PRES) dont les membres fondateurs sont des établissement
d’enseignement supérieur publics ou privés (ex. : Ecoles de
Commerce, Université Catholique) ; ils peuvent avoir comme
membres associés des établissements d’enseignement publics ou
privés, des entreprises…

Est-ce que ce statut est choisi pour permettre à l’enseignement privé d’être membre de l’ESPE ?

À cette demande de précisions de FO, le ministère de
l’enseignement supérieur est très clair : ce sont les acteurs
locaux qui décident ! On peut donc mélanger dans les EPCS, le
privé, le public.

Ces structures sont faites pour mettre en place en commun des
« métiers enseignant » du public et du privé…ces dernières
pourront apporter leur participation financière, tout comme les
entreprises au prétexte d’avoir un droit de regard sur les concours
du privé.

Quel est le déroulement du cursus ?

Les étudiants s’inscrivent dans une université et non à l’ESPE.

La condition pour s’inscrire au master « métiers de l’enseignement
de la formation de l’éducation » c’est d’avoir un diplôme de
licence (niveau L3), quel qu’il soit. Cependant, les L2 pris en
emploi d’avenir professeur y ont droit.

Première année de master (M1)

Deux possibilités :

a) L’étudiant suit un master M1 d’enseignement. Dans ce cas :
L’étudiant doit suivre des modules pour acquérir des « savoirs
disciplinaires », des « savoirs didactiques » dans un ou des UFR
universitaires.

Il doit dans ce cadre effectuer un travail de recherche.

Il doit suivre des modules d’enseignement spécifiques pour
acquérir des compétences professionnelles (incluant des
stages). C’est pourquoi les maquettes (c’est-à-dire les
épreuves) des concours sont révisées, la part de la compétence
professionnelle prenant le pas sur l’enseignement disciplinaire
.

Et il doit se préparer au concours, dont le programme est modifié
pour tenir compte de la professionnalisation. La part disciplinaire
diminue encore.

b) L’étudiant suit un cursus M1 de master classique et il se
prépare au concours.

Concours en fin de M1 (organisée par le ministère de l’éducation
nationale)

Ce concours est ouvert à tout titulaire d’une licence, d’un M1 et
a fortiori à tout titulaire d’un M2 « classique ».

Remarque : les étudiants qui veulent suivre un M1 disciplinaire
« classique » auront néanmoins à passer les épreuves
professionnelles du concours : les chances de succès sont
faibles
; ou alors il faudrait qu’ils fassent un master classique
plus les modules de professionnalisation, stages dans les
établissements, etc., ce qui est matériellement quasi-impossible.

Deuxième année de master (M2)

Les étudiants reçus au concours complet en M1 sont
fonctionnaires stagiaires. S’ils n’ont pas le obtenu le M1, dans
ce cas, l’étudiant devra rattraper les modules et valider son
M1 pendant l’année de M2
.

L’étudiant doit suivre des modules d’enseignement disciplinaires
(ou UE, unités d’enseignements) dans un ou des UFR universitaires.
Il doit suivre des modules d’enseignement spécifiques de
formation au métier d’enseignant, construits à cet effet
(pédagogie, …) et effectuer des stages.

Les étudiants non reçus aux concours et ayant leur M1 devraient
respecter les règles universitaires ; en fonction du nombre
d’UE acquises et des notes, redoublement ou passage en M2
+ rattrapage des UE manquantes.

Fin de master (M2)

Les étudiants ayant obtenu leur M2 sont automatiquement
titularisés.

Pour ceux n’ayant pas le M2, toutes les questions demeurent
puisque le cadre de la masterisaton reste.