La circulaire n° 2008-081 du 5 juin 2008 prévoit la mise en place de l’accompagnement éducatif dans les écoles élémentaires de l’éducation prioritaire.
Sans discuter de l’intérêt pour les enfants de ces zones d’éducation prioritaire de bénéficier gratuitement d’activités culturelles, artistiques ou sportives, la responsabilité donnée aux écoles d’organiser cet accompagnement institutionnalise davantage encore la confusion entre temps scolaire et péri scolaire.
Une circulaire qui accentue la tutelle ces collectivités territoriales
Ainsi en matière artistique et culturelle : « les partenariats avec les structures locale sont à privilégier »
Pour la pratique sportive la « collaboration de personnels territoriaux dans les projet élaborés avec les associations sportives ».
L’aide scolaire est assuré par « des intervenant compétents », « des vacataires étrangers ».
Pour coordonner ces différents partenaires, l’IA « favorise l’établissement de conventions départementales » et engage « une concertation avec les collectivités » et « les partenaires : conseil général, associations… » et met en cohérence avec les contrats locaux, CLAS, CEL… »
Les directeurs transformés en chef d’établissement
De plus, elle alourdit considérablement les tâches qui incombent au directeur dont ce n’est certes pas la mission :
– Le directeur « informe les familles » (et ce dès la rentrée scolaire !),
– il « diffuse un document d’orientation précisant les procédures d’inscription »,
– il « contresigne la convention »
– il ferait appel aux associations agréées, il s’assure de la qualité de l’encadrement,
– il coordonne les personnels volontaires,
– il prend toute disposition afin de garantir l’efficacité et la sûreté du dispositif,
– il désigne éventuellement des responsables de site parmi les personnels enseignants,
– il est responsable des accidents pouvant survenir durant ces heures à l’identique du temps scolaire.
La première lecture de ce texte pose d’emblée de nombreuses questions :
La circulaire préconise quatre jours par semaine de préférence en fin de journée avec possibilité pour chaque enfant de bénéficier des trois types d’activité.
Qui fait le tri à 16h30 entre ceux qui rentrent chez eux, ceux qui vont à l’étude, ceux qui restent en soutien, ceux qui participent à l’activité sportive, ceux qui font musique, ceux qui participent à l’aide aux devoirs organisée par une association ou par la municipalité et ceux que les parents ne sont pas venus chercher ?
Qui gérera les sorties décalées à 16h30, à 17h, à 17h30…en fonction des activités ?
Qui prend en charge les enfants qui devaient participer à une activité dont l’animateur est absent ?
Quel temps de pause entre la fin des cours et le début de l’activité ?
Qui est responsable de la surveillance ?
Et en cas d’accident entre un élève de l’étude et un autre qui bénéficie de l’accompagnement éducatif ou du dispositif de soutien, à qui envoie-t-on la déclaration d’accident ? A la mairie ou à l’inspecteur ? Ou aux deux (et un courrier de plus…) ?
La circulaire indique pudiquement que toutes ces activités sont placées sous la responsabilité d’un membre de l’équipe pédagogique.
Faute d’enseignant volontaire, qui sera ce membre responsable de l’équipe pédagogique ? Il y a fort à parier que ce soit le directeur…
Est-ce la fin des études surveillées pour les enseignants ? Quelle famille acceptera de payer l’étude alors que les enfants pourront être gardés gracieusement jusqu’à 18h ?
Quelle autorité a un directeur pour désigner, si nécessaire, un responsable de site parmi le personnel enseignant ? Un enseignant acceptera-t-il d’être désigné responsable d’activités encadrées par des animateurs, des parents, des étudiants, des bénévoles, des vacataires étrangers, des enseignants à la retraite… ?
Sur quel temps tout ce travail devra-t-il être fait ? Elaboration des projets, des conventions, des groupes qui changeront plusieurs fois dans l’année, demande de certificats médicaux préalables pour les élèves présentant des handicaps ponctuels ou permanents, avenants au projet d’école…
Tout cela, si le décret Darcos sur le temps de service des enseignants venait à sortir, avec un temps de décharge réduit pour tous par le dispositif d’aide qui supprime les heures du samedi et fait obligation aux directeurs d’assumer entre 30 et 50 heures d’actions directes auprès des élèves.
Peut-on imaginer qu’un élève de cours moyen en difficulté scolaire (qui ne peut plus bénéficier de l’aide du RASED) puisse se retrouver à faire, chaque semaine, deux heures de soutien scolaire et deux heures d’accompagnement éducatif et trois semaines de stages de remise à niveau pendant ses vacances scolaires ?
La circulaire précise que l’Inspecteur d’Académie est seul responsable pour mettre en cohérence l’accompagnement éducatif avec les multiples dispositifs qui existent déjà à l’initiative des collectivités territoriales.
Une contradiction demeure
La circulaire prône le volontariat des enseignants et se conclut par « l’accompagnement éducatif devra être mis en place dans l’ensembles des écoles (…) au plus tard le 1er octobre 2008 ».
Par qui ?
Le directeur ?
Rappelons que le directeur d’école reste un enseignant chargé de direction qui, à ce titre, n’a pas pouvoir pour imposer et est lui-même, de par son statut d’enseignant, soumis au volontariat prôné par la circulaire.