L’histoire se répète-t-elle ? Après la pseudo revalorisation des enseignants du premier degré en 1990 on nous propose aujourd’hui le « Master »
Le SNUDI FO était à l’époque le seul syndicat à s’opposer à cette réforme. Beaucoup nous ont donné raison par la suite… Nous constatons aujourd’hui que nous sommes encore bien seuls à nous opposer à cette réforme dans sa globalité, et non pas seulement sur la partie Formation.
La revalorisation de notre métier ne passe certainement pas par une augmentation du niveau d’étude. C’est un faux prétexte qui n’a qu’un seul but : faire des économies de postes et de budgets.
La Formation
Que propose le projet de décret ?
Le projet prévoit la suppression de l’année de stage; les jeunes recrutés enseigneront donc à plein temps dès leur première rentrée, sans autre formation qu’un stage limité en 2d semestre dans le cadre du Master et sans autre soutien qu’un vague « compagnonnage ».
Les jeunes enseignants devront préparer leurs cours, assurer, corriger leurs copies avant d’aller effectuer une deuxième journée comme étudiant !
Le SNUDI FO remet en cause la formation telle qu’elle est dispensée depuis plusieurs années : les stagiaires apprennent leur métier en faisant de vrais stages de formation avec un personnel d’encadrement présent à toutes les étapes de cette formation. Nous considérons que deux années permettraient à tous les stagiaires d’appréhender toutes les difficultés de notre profession.
Il est très difficile pour un jeune d’atteindre un bac+5 lorsqu’il est issu d’un milieu social
défavorisé. La formation à l’école normale permettait aux enfants d’ouvriers d’accéder aux études supérieures après bac, La réforme de 1990 à bac+3 a diminué cette proportion. Le nouveau décret ne permettra même plus aux enfants des classes moyennes d’accéder à cette profession… La volonté politique ne serait-elle pas de formater les enseignants de demain ?
Réformer les IUFM… OUI ! Les supprimer… NON !
La Masterisation implique la fermeture immédiate de tous les IUFM,
ce qui représente pour l’état une économie de 20.000 postes de fonctionnaires stagiares par an.
Les salaires
Les enseignants sont mal payés ? Nous sommes tous d’accord sur ce point…
…Même le gouvernement qui se propose de revaloriser le début de carrière des jeunes professeurs.
? Nous estimons a perte de notre pouvoir d’achat depuis 1995 à 500€ mensuels.
? Notre niveau de recrutement nous classe comme cadre A de la fonction publique et nos salaires sont loin de correspondre à ce statut.
? La loi sur les 35 heures est appliquée dans toutes les administrations sauf dans l’Éducation Nationale.
Pour information, nous vous fournissons un tableau récapitulatif du déroulement de carrière d’un collègue
Ancienneté | 1er salaire | 5 ans | 10 ans | 15 ans | 20 ans | 30 ans | 42 ans |
traitement net (moyenne) | 1 350 | 1605 | 1800 | 2050 | 2360 | 2540 | 2540 |
Il nous semble que les perspectives de carrière sont plutôt sombres pour des personnels sur-diplômés…
Que propose le projet de décret ?
La revalorisation des traitements annoncée par le gouvernement ne concerne que les débuts de carrière et n’a jamais fait l’objet d’un chiffrage précis.
Le SNUDI FO considère qu’une revalorisation salariale s’impose pour tous par une revalorisation de la grille indiciaire.
La retraite
Serions-nous le seul syndicat à nous préoccuper de la retraite ?
Un cursus scolaire parfait permet actuellement de passer le concours au plus tôt à 22 ans, la moyenne nationale réelle se situe à 26 ans. Dans ces conditions, pour prétendre à une retraite à taux plein, le collègue devra cotiser 42 ans et aura donc au mieux 64 ans… en moyenne 68 ans.
Pour le Master il faut donc y ajouter 2 ans, en ayant conscience qu’à partir de 65 ans il faut une dérogation pour continuer d’enseigner et donc qu’une décote est probable. Que restera-t-il de notre pension si les accords de 2002 de Barcelone s’appliquent (45 annuités) ?
Nous constatons qu’aujourd’hui, dans les écoles, les derniers instituteurs qui prennent leur retraite entre 58 et 60 ans. Beaucoup d’entre eux se sentent épuisés par 37 ans de carrière et n’aspirent qu’à se reposer. Comment envisager décemment de poursuivre jusqu’à 65 ans ou plus…
Nous vous proposons une simulation sur ce que toucheront les nouveaux professeurs au moment de leur départ en retraite. L’âge minimal de la retraite est fixé à 60 ans et le maximum est fixé à 65 ans et le nombre d’annuités est fixé à 42 (en 2020) pour obtenir une retraite à taux plein.
Dans le meilleur des cas :
Le collègue qui va jusqu’au bout et arrive à 42 annuités à l’âge de 66 ans (65 ans + une année par dérogation) : il touchera 1905€ de pension.
S’il atteint 65 ans pour 41 annuités il touchera 1860€.
Pour la plupart des cas (moyenne de 28 ans au concours, statistiques de l’EN) :
Avec la mise en place de ce projet Master, pour obtenir sa retraite à taux plein il lui faut atteindre 70 ans (soit 1905 euros) mais l’âge légal du départ à la retraite est fixé 65 ans. Le collègue se verra donc dans l’obligation de prendre sa retraite avec un déficit de 5 annuités, soit 1680€, soit une perte sèche de 225€ par mois !
Dans le pire des cas :
Le collègue atteint 60 ans, il est épuisé, usé, il ne supporte plus de faire classe (c’est le cas de beaucoup de collègues). Il décide, ou est contraint, d’arrêter…
Il lui manque 10 annuités, qu’il cumule avec une décote de 5% par an (parce qu’il sera parti avant 65 ans) : il ne touchera que 1130€ par mois de pension !
Que penser de tout cela ?
Pour le SNUDI FO la réforme répond à un double objectif :
? Un objectif à court terme : économiser 20.000 postes de fonctionnaires stagiaires par an en supprimant la formation initiale.
? Un objectif à long terme : accélérer la réduction des dépenses publiques en ramenant les pensions à une portion congrue ou en les payant à partir de 70 ans.
S’il est légitime d’exiger une véritable formation initiale pour l’entrée dans le métier, l’amélioration de ce seul volet de la réforme ne permet pas de la rendre acceptable.
Le SNUDI FO revendique
? le retour aux écoles normales avec un recrutement au niveau du bac
? 3 ans d’études payées en tant que fonctionnaire stagiaire jusqu’en licence, 2 ans de formation au métier d’enseignant, 5 ans de cotisation pour la retraite
? l’augmentation des salaires par la revalorisation de la grille indiciaire
? 37, 5 annuités pour tous, public et privé ; la retraite à taux plein à 60 ans