Garde à vue d’une directrice d’école à Paris

La directrice de l’école maternelle de la rue Rampal (19ème) a été libérée après une garde à vue de 7 heures !

Le SNUDI-FO exige : « aucune poursuite judiciaire, aucune sanction administrative ! »

Les faits…

A la suite de l’intervention des forces de police aux abords des écoles du groupe scolaire Lasalle-Rampal en début de semaine, la directrice de l’école maternelle de la rue Rampal a été placée en garde à vue vendredi 23 mars à _ 9 heures.

Le motif d’inculpation serait « outrage et dégradation de biens publics en réunion ».

Pendant plus de 6 heures, notre collègue a été confrontée aux policiers qui l’ont mise en cause à la suite d’une opération de police qui visait une personne « sans papier » venue chercher sa nièce scolarisée à la maternelle.

Selon tous les témoignages, l’intervention des forces de police, pour disperser les parents qui s’opposaient à l’interpellation, fut d’une extrême brutalité : matraquages, gaz lacrymogène…

En tentant de protéger les enfants paniqués, notre collègue n’a fait que son devoir et il est inadmissible qu’elle ait été interpellée pendant 7 heures.
Si le Parquet de Paris a ordonné sa remise en liberté, elle n’en est pas moins menacée de poursuites judiciaires, une mise en examen pouvant être décidée ces prochains jours.

Le bureau du procureur a en effet indiqué que « Les suites à donner à la procédure seront déterminées ultérieurement, en fonction du résultat des investigations à venir ».

Intervention syndicale et déclarations des autorités…

Dès l’annonce de la garde à vue, le Secrétaire départemental du SNUDI-FO s’est rendu devant le commissariat du 19ème arrdt. où se rassemblaient plusieurs dizaines de collègues et de parents.

Sans succès, une délégation des syndicats présents (SNUDI-FO, SNUipp-FSU, SUD) a demandé à être reçue par le commissaire.
A 13h, le SNUDI-FO joignait M Ferrand, maire-adjoint chargé de la vie scolaire. Celui-ci répondit au syndicat qu’il était intervenu pour demander la libération de la collègue, que la mairie de Paris mettait à sa disposition une assistance juridique et que le Préfet de police serait « interpellé » lors du Conseil de Paris de lundi prochain.

De son côté, l’Inspecteur d’académie qui pourtant ne manque pas une occasion de dire qu’un directeur est responsable de son école 24 heures sur 24, donc y compris lors des « événements survenant en dehors de la période d’occupation scolaire » (cf. circulaire rectorale du 21/9/2006), souligne cette fois que les faits se sont déroulés « hors de l’école et hors du temps scolaire ».

Et quant au chef de Cabinet du recteur, il précise que dans ces conditions les autorités académiques n’ont pas à intervenir : « Si la directrice a commis un délit, le rectorat n’a ni à la soutenir ni à la protéger. C’est une citoyenne comme les autres. Elle doit assumer les conséquences de ses actes » (propos rapportés par la presse) !

Fallait-il que notre collègue refuse d’assister des enfants en danger en fermant les portes de l’école ?

Pour le SNUDI-FO 75, ces menaces et le refus d’accorder la protection (art. 11 du statut, loi du 13 juillet 1983) sont inacceptables, indignes !

Dans les écoles : indignation et colère…

En quelques heures, des écoles ont rédigé des textes de soutien, de nombreux collègues ont exprimé leur indignation sous toutes les formes possibles (mails, motions…).

Citons par exemple la lettre de protestation adressée au recteur par les 19 directeurs de la circonscription 18b Goutte d’or qui appellent « l’ensemble des directeurs parisiens à exprimer publiquement leur soutien aux enseignants, aux parents et aux élèves touchés par cette violence » :

« Monsieur le Recteur…

La Préfecture de Police de Paris garantissait à l’été 2006 qu’il n’y aurait pas d’interpellations de personnes supposées en situation irrégulière aux abords des écoles. Non seulement ces engagements n’ont pas été tenus, mais lundi 19 et mardi 20 mars des violences inacceptables se sont déroulées devant les écoles Lasalle et Rampal. Des parents, des élèves ont été bousculés, aspergés de gaz lacrymogène.

Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd’hui doublement insupportable quand il y mêle l’institution que nous représentons. Conscients que s’impose à nous un devoir de réserve en cette période électorale, nous ne pouvons néanmoins rester silencieux devant de tels procédés. Rester neutres face à l’intolérable est pour nous impossible.

Nous nous tournons vers vous pour que vous vous exprimiez sur ces méthodes d’une autre époque (…) »

Multiplier les prises de position

et se tenir prêt à réagir par la grève s’il le faut…

Avec l’Union Départementale des syndicats FO de Paris et la FNEC-FP-FO (cf. communiqué du 23 mars), le SNUDI-FO 75 appelle les collègues à multiplier les prises de position, les motions de soutien adressées au recteur, à l’IA, au ministre afin d’exiger qu’aucune poursuite ne soit engagée contre notre collègue Valérie Boukobza.

Au cas où des poursuites judiciaires (et/ou disciplinaires sur le plan administratif professionnel) seraient prises contre notre collègue, le SNUDI-FO mettrait tout en œuvre pour engager la mobilisation de toutes les écoles (contact immédiat avec les autres syndicats, appel à manifestation et s’il le faut à la grève).

Alerté par la Section de Paris, le Secrétariat national du SNUDI-FO intervient auprès du ministre de l’Education nationale.

Aucune poursuite judiciaire, aucune sanction administrative !